Les Envoûtés ; Witold Gombrowicz

 

resize_6_Folio N°3325 ; 468 pages.
Traduit par Albert Mailles, Hélène Wtodarczyk et Kinga Fiatkowska-Callebat.
1939
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Nous sommes en Pologne à la fin des années 1930. La noblesse terrienne est en crise, et doit se résoudre à des solutions "dégradantes" pour survivre. Walczak, un jeune homme de vingt ans, est ainsi engagé comme professeur de tennis pour la jeune Maya Okholowska, dont la mère prend des pensionnaires pour conserver Polyka son domaine.
Dans le train qui l'amène chez ses nouveaux employeurs, Walczak rencontre Skolinski, un vieux professeur, qui est pour sa part déterminé à découvrir les trésors que renferme Myslotch, le château proche de Polyka, dont le maître a perdu la raison, et est à la merci de Kholawitski, le fiancé de Maya.
La rencontre entre Maya et Walczak est explosive. Ils sont tous deux bourrés de défauts qui les rendent peu sympathiques a priori. Très vite, leur entourage perçoit entre eux une ressemblance indéniable et inexplicable. Ils se cherchent, se cognent (dans tous les sens du terme), et commettent des actes qu'ils ne s'expliquent pas.
En parallèle, la lutte s'engage très vite à Myslotch entre Skolinski et Kholawitski, pour découvrir les secrets du vieux prince, et notamment celui de la Vieille Cuisine, dans laquelle une serviette remue inexplicablement, et où plusieurs y ont laissé la raison.

Paru en feuilleton simultanément dans deux quotidiens polonais durant l'été 1939, ce roman fut interrompu par la guerre. Les trois derniers chapitres, qu'on avait crus définitivement perdus, ont été retrouvés en 1986 et confèrent au roman un étonnant dénouement. "Dans Les envoûtés, le génie de Gonbrowicz boulleverse les données traditionnelles du roman noir. Il explore ici sa propre légende et révèle son originalité: dédoublement, amour-haine, répulsion, possession et culpabilité." (Paul Kalinine) On trouve aujourd'hui la première édition intégrale en format de poche.

J'ai complètement adoré ce livre passionnant de bout en bout. Il mélange tous les genres de façon admirable. C'est son ambiance désuète et quelque peu gothique qui m'a d'abord séduite. Myslotch est une demeure captivante, délabrée, entourée d'une végétation sauvage qui l'isole, et pourvue de passages secrets. Le surnaturel a par ailleurs envahit les lieux suite à des drames dont plus personne ne se souvient.


  Witold Gombrowicz


 

Il disait de nous tous : "L’homme est un éternel acteur… " et de lui-même : "je suis un humoriste, un pitre, un équilibriste, un provocateur… ".

Un homme d’une grande personnalité et d’un talent exceptionnel pour se créer lui-même. Qui était Gombrowicz ?

Il est né le 4 août 1904 à Maloszyce en Pologne dans une famille de la noblesse de province. Après avoir terminé ses études de droit à l’Université de Varsovie, il commence sa carrière professionnelle dans la magistrature, qu’il abandonne ensuite pour s’adonner à la création littéraire. Gombrowicz débute en 1933 avec les nouvelles intitulées "Mémoires du temps de l’Immaturité". Son premier roman "Ferdydurke" (1937) plein d’humour et avec un message philosophique intéressant lui apporte la renommée dans le milieu de l’élite intellectuelle.

En août 1939 il est invité par la compagnie de navigation Gdynia-American Lines à faire une croisière en Argentine. Lorsque la guerre éclate, il décide de rester en Argentine où il habite jusqu’en 1963. Pendant plusieurs années il connait la misère et ce n’est qu’en 1947 qu’il est engagé par une banque ce qui va lui permettre de continuer à écrire. En 1951 il commence à publier dans le mensuel de l’émigration polonaise "Culture" son œuvre "Journal" qui parle non seulement de détails quotidiens mais aussi polémique sur le marxisme, le catholicisme, l’existentialisme. Il commence être connu hors de Pologne : ses drames sont mis en scène dans le monde entier, ses livres sont traduits en plusieurs langues (dont le japonais). En 1968 Gombrowicz est sélectionné pour le prix Nobel.

 En 1964 avec son épouse Rita Labrosse il s’installe à Vence où il meurt le 24 juillet 1969.

Gombrowicz a toujours considéré sa propre vie comme une source littéraire : en 1968 il publie "Entretiens avec Dominique de Roux", dont la deuxième édition publiée déjà après sa mort avec pour titre "Testament" relève que Gombrowicz et Dominique de Roux sont la même personne.

Gombrowicz est devenu un grand classique de la littérature contemporaine. Son œuvre est sujet de nombreuses critiques et analyses, ses livres font partie des canons de lectures scolaires.

Gombrowicz a toujours dénoncé les stéréotypes, les mythes patriotiques polonais, la routine et la paresse intellectuelle. Son message est-il encore d’actualité ? Même aujourd’hui nous pourrions apprendre de lui à penser librement, à ne pas se laisser influencer par les modes. Si ses ouvrages sont réputés littéraires, avec leur grotesque, leur humour noir, l’action et le suspence, ils restent pourtant intéressants et à la portée de tous.


En France il y a plusieurs éditions des œuvres de Gombrowicz.

Bibliographie (le choix) :

4 pièces de théâtre, Gallimard 2000

20 ans après correspondance une jeunesse, Bourgois 1989

Bakakai, Gallimard 1998

Contre les poètes, Complexe Eds 1988

Correspondance 1950-1969, Editions Fayard 2004

Correspondance, Gallimard 1995

Cosmos, Gallimard 1989

Cours de philosophie en six heures un quart, Rivages 1995

Les Envoûtés, Seuil 1986, Stock 1996, Gallimard 2000

Le festin chez la comtesse Fritouille, Gallimard 2003

Ferdydurke, Gallimard 1998

Histoire, Gallimard 1995

Journal, Gallimard 1995

Journal, Bourgois 1999

Journal Paris Berlin 1963-1964, Bourgois 2004

Moi et mon double, Gallimard 1996

Pérégrinations argentines, Bourgois 2004

La pornographie, Gallimard 1995, Bourgois 2004

Souvenirs de Pologne, Gallimard 2003

Structuralisme jeunesse dante, Herne 1995

Testament entretiens avec Dominique de Roux, Gallimard 1996

Trans-atlantique, Denoel 1990, Gallimard 1990

Varia, Bourgois 1995

Yvonne princesse de Bourgogne, Actes Sud-Papiers 1998
 
 



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