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KRAK ET LE DRAGON

 

Un rugissement terrible retentit dans l'air glacé. Toute la colline de Wawel trembla sur ses bases

Comme tous les soirs, le dragon avait faim !

Le monstre poussa son mufle baveux hors de la grotte, bâilla, s'étira puis, pataud, se mit en route vers le village. 

Quand ils le virent approcher, se dandinant lentement d'une patte sur l'autre, les paysans s'enfuirent affolés en poussant leur troupeau devant eux. Pourtant le dragon fut plus vif. En dépit de sa masse énorme, il accéléra, fit un bond prodigieux et s'empara de trois moutons qu'il croqua aussitôt. Il se lécha minutieusement les babines, passant sa longue langue fourchue sur ses poils de moustache, puis il repartit digérer au fond de son antre nauséabond.

Depuis des années, ce dragon terrorisait toute la région, dévorant veaux, vaches, moutons, parfois femme ou enfants ! Las de vivre continuellement dans la peur, les hommes tinrent conseil. Après de longues discussions, ils résolurent de se débarrasser du dragon et firent donc appel à un courageux chevalier appelé Krak.

Celui-ci accepta sans hésiter cette dangereuse mission. Sous son commandement, tous les hommes valides s'armèrent et, un matin, alors que le dragon digérait tranquillement une nouvelle proie, ils passèrent à l'attaque. Krak chargea en tête, en lançant son cri de guerre. Le dragon, surpris dans une douce somnolence, reçut une terrible volée de coups de lances, épées, haches... 

Le monstre aurait dû mourir sur-le-champ, mais les hommes constatèrent que même les chocs les plus violents ébréchaient à peine ses épaisses écailles visqueuses. Furieux d'être ainsi dérangé, le monstre poussa un hurlement effroyable. Souple, le coup de griffe rapide en dépit de son aspect balourd, il cracha un rideau de feu sur ses adversaires et chargea à son tour. Aveuglés, brûlés, Krak et ses hommes durent reculer en désordre laissant plusieurs corps dans la grotte. A midi, le moral au plus bas, ils tinrent à nouveau conseil sur la colline de Wawel. Sous leurs pieds ils entendaient un sifflement rauque et régulier : la respiration du monstre !
Des vapeurs acres s'échappaient du sol ... 

Toute nouvelle attaque frontale était vouée à l'échec. Alors Krak demanda qu'on lui apporte la peau du plus beau bélier de la région ainsi qu'une forte quantité de salpêtre, de soufre, de gros sel... Sans donner d'explication, il emplit complètement la peau de ce mélange détonant, puis la fit soigneusement recoudre de manière à lui donner l’apparence d'un véritable bélier.
A la tombée de la nuit, Krak chargea le faux animal en travers de son cheval et avança vers la grotte. Seul. D'une voix forte, il lança un défi.

Sors de ton antre, brute sanguinaire! Bats-toi si tu l'oses !

Stupéfait d'être ainsi dérangé, le monstre se précipita hors de son repaire afin de voir à qui il avait affaire. Alors Krak éperonna son cheval, fonça vers lui au galop et lui jeta le bélier de toutes ses forces, juste devant la gueule. Glouton et peu subtil comme tous les dragons, le monstre saisit cette proie inattendue au vol et l'avala sans hésiter. Quelques minutes plus tard, son estomac commença à gonfler et une épaisse fumée jaunâtre lui sortit de la gueule. Il fut pris de terribles brûlures et d'une soif incroyable. Sans plus réfléchir, il se précipita vers la Vistule, plongea la tête dans le fleuve et but, but, but...
Il but tellement qu'il périt noyé!
La région était enfin débarrassée de ce monstre.
Pour fêter l'événement, Krak et les paysans organisèrent une grande fête puis ils bâtirent une puissante et belle ville sur la colline de Wawel.

En l'honneur du chevalier Krak on appela la ville... KRAKOW !  Cracovie en Français

 



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